Un pour tous, tous pour un !
Nous voudrions être merveilleusement indépendants mais en sachant aussi être ensemble pour porter, pour défendre l’important et nécessaire collectif. Parce que nous sommes avant tout des individus libres, nous devons savoir abandonner un peu de notre souveraineté sur notre vie pour partager des luttes, des constructions, des projets, des objectifs communs.
La société, résultant de l’abandon de notre propre souveraineté, et que nous avons fabriquée, est-elle devenue autiste pour ne plus voir ce qui lui est le plus cher, nous ? Et pourtant cette société ne voit plus qu’elle et le système qui la fait survivre.
Une distance, un éloignement, une incompréhension s’est installée entre l’individu et le système sociétal qui l’enferme : l’individu, malgré tout, a envie et besoin de reconquérir sa propre vie. Ce sentiment est parfois profondément enfoui en lui et par-là crée ce malaise indéfinissable qui détruit son identité.
L’individu ne sait rester autonome que par la proximité sous toutes ses formes et en particulier celle que permet la compréhension, ou le respect, de ce qui l’entoure et le contraint ; l’éloignement l’asservit.
Par conséquent s’il y a communs, ils doivent être simples à appréhender et « avoir du sens ». Pour cela on peut penser qu’ils doivent être proches des quatre grandes aspirations de chaque individu, qui sont individuelles, collectives, existentielles et de survie.
Cette société respectueuse des individus et de leurs aspirations ne peut être composée que de citoyens ayant une conscience éclairée de tous les niveaux de Commun : niveaux représentatifs des intérêts, allant de ceux de l’individu à ceux de la population terrestre, d’aujourd’hui au futur, de l’humain à l’humanité.
Pour que cette compréhension soit facile, essayons de nous contenter de peu de niveaux essentiels.
Au minimum, chaque entité/système de Commun doit correspondre à la résolution d’un niveau de besoin essentiel de survie, et de fait, à ceux qui sont basés sur la solidarité et la répartition. Cette structuration va être basée sur trois éléments : le lien, le principe de fonctionnement du collectif et la temporalité attachée à chaque entité/système de Commun. On peut exclure de cette structuration du Commun la langue et la monnaie qui ne sont pas structurants pour les besoins de survie mais jouent surtout le rôle d’outils d’échanges.
Dans une approche où chaque niveau est une entité/système ayant son fonctionnement propre, et si on rejette l’approche hiérarchique, jacobine diront certains, l’approche transversale, ou plutôt circulaire, nécessite que tous les niveaux retenus soient inclusifs les uns des autres. Il y aura donc cohabitation entre plusieurs systèmes.
Les mots clés culturels structurants, « de bon sens humain », qui pourraient définir ces niveaux sont au nombre de quatre. Ils sont liés à quatre entités/systèmes facilement repérables et quatre modes de fonctionnement différents qui y correspondent naturellement. Ils semblent suffisamment représentatifs par la proximité qu’ils expriment au travers de leurs composants et par la différenciation structurante de leurs fonctionnements :
Ø Famille, tribu, tiers lieux. L’individu doit pouvoir exercer son libre arbitre, c’est son bien-être ; cela passe par le rejet de l’hétéronomie et une croyance indéfectible en la nécessité de sa propre souveraineté sur sa vie… L’hétéronomie est une dépendance à des lois extérieures à son intérêt personnel et s’oppose à l’autonomie qui est une dépendance à ses propres lois.
Ø Région, associations, réseaux, Le collectif est choisi et conduit par l’individu qui se nourrit de l’autre et est reconnu par lui. Première articulation avec la collectivité. Cela passe aujourd’hui par une désappropriation du collectif par le privé mais aussi et surtout par le public. En effet le Commun collectif est devenu le public et une propriété normée et légiférée des représentants élus de nos collectivités. Cette spoliation du Commun au travers du Politique et la non-consistance participative de la démocratie est à l’origine de la défiance avérée d’une grande partie de la population envers nos élus quels qu’ils soient et envers le fonctionnement de notre société.
Ø Continent, coordination, collaboration, Ce niveau d’aspiration au collectif résulte d’une volonté naturelle d’amélioration de la résilience de l’être humain.
Ø Monde, espace, coopération. Pour obtenir cette résilience, l’être humain collabore et coopère avec la nature.
Toujours en ce qui concerne les besoins essentiels, chacun de ces niveaux de commun se préoccupe d’une perception du temps différenciée ; les trois dernières temporalités nécessitant une organisation collective :
- Immédiate
- À court terme
- À moyen terme
- À long terme
Les quatre entités/systèmes ont leur propre fonctionnement et sont indépendantes les unes des autres ; les relations entre les quatre systèmes s’effectuent à partir de lieux de confrontation qui sont, dans la représentation graphique ci-dessous, au nombre de six, en lien avec les besoins essentiels, mais en réalité ne sont que trois.
– Le respect des grands équilibres de la nature, la résilience de l’humain (entre le long terme et l’immédiat et le court terme et le moyen terme)
– Le respect de l’individu, la laïcité, la médiation (entre le moyen terme et l’immédiat et le court terme)
– Le respect du désir de vivre ensemble demain1 (entre le court terme et l’immédiat)
Ces lieux de confrontation sont nécessaires pour gérer le principe de subsidiarité qui préside au lien entre les quatre entités/systèmes. La prise en charge d’une action, d’une décision, lorsqu’elle est nécessaire, revient à l’entité la plus proche du niveau qui est directement concerné par cette action.
Nous vivons aujourd’hui dans un monde désenchanté et superficiel, déconnecté de nos besoins essentiels. Nous continuons à faire fonctionner un système qui ne nous sert plus.
Pourtant c’est nous qui faisons tourner la machine, et nous le ressentons tous. A partir de nous-mêmes et du local, réveillons-nous pour aimer notre vie, combattons toutes soumissions. La démocratie commence par l’autonomie des individus, mais aussi par l’autonomie de chaque entité/système de commun. Sur chaque action construisons les liens affectifs et sociaux qui permettront toutes les confrontations possibles, constructives et non conflictuelles.
Contentons nous de peu de représentations: l’individu, la région, le continent, le monde. Ainsi il deviendra possible de pouvoir revendiquer « Un pour tous, tous pour un ».
[1]Les idées d’Ernest Renan (1823-1892) se retrouvent dans une conférence à la Sorbonne donnée le 11 mars 1882, Qu’est-ce qu’une nation ? Un passé commun, un présent commun et un désir de vivre ensemble demain « c’est un plébiscite de tous les jours ». En privilégiant l’élément psychologique (le vouloir vivre collectif), l’École française entend montrer la supériorité de la volonté sur le fait, c’est-à-dire la supériorité du contrat social sur les données naturelles et la supériorité du droit sur les phénomènes physiques.
Christian OLIVE
Coopérateur EELV
Languedoc-Roussillon
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