Déroulé atelier 3 JDE 2021
JDE Atelier 3 – (Re)composons un travail pour S’ÉMANCIPER et pour l’écologie !
Vendredi 17h30-19h00 – Vosges
Descriptif programme :
Moins de travail ne veut pas dire moins d’activité. Ce n’est pas le fait d’être payé ou non, d’avoir accès ou non à une protection sociale, qui fait le travail. Il suffit de penser aux limites floues du bénévolat, de l’échange direct de services, du travail au noir, du travail ménager, numériques etc…
Intervenant.e.s:
Animateurs: Christian Olive, Roméo (Absent : Mounir Satouri)
-Christian DUTERTRE : Professeur émérite de sciences économiques à l’université de Paris, Directeur scientifique d’ATEMIS, et Président de l’Institut Européen de la Fonctionnalité et de la Coopération
-Anne-Claire JARRY BOUABID : économiste au ministère de l’économie et des finances, Elue régionale, vice-présidente groupe Alternative Ecologiste et Sociale (AES) au Conseil régional Idf (GS)
-Sophie TAILLE-POLIAN : sénatrice Val de Marne, membre commission des finances, coordinatrice GS
Déroulé :
1.Etat des lieux : Le « Travail » occupe t’il la bonne place dans notre société actuelle ?
Dans la période houleuse actuelle se sentir reconnu, identifié par le collectif, la société, est rassurant, on a une place dans le bateau de sauvetage. La société ne vous abandonnera pas.
Pour obtenir cette reconnaissance, ce statut social de protection, aujourd’hui il n’y a principalement que ce que l’on appelle travail qui puisse le fournir et notre temps se structure autour de lui. Cela se traduit par un emploi et la se trouve la valeur sociétale d’existence, de sécurité.
Dans le code du travail, ce statut de travailleuse et travailleur est défini par un état de subordination, de soumission aux contraintes et directives de l’employeur.
N’oublions pas non plus, dans une période ou on reconnaît le statut de salarié aux travailleurs Uberisés, les paysans qui doivent se plier aux dictas des groupements d’achats et deviennent ainsi des travailleurs précaires sous-payés non reconnu.
Les exemples sont multiples ou être un individu de plein droit devient de plus en plus difficile. Pourtant nous nous laissons prendre notre temps pour une contrepartie de moins en moins satisfaisante.
-Entreprises enfermées dans des relation inter-entreprises, de domination et compétition.
-On ne produit presque plus rien de ce qu’on consomme, et ne consomme rien de ce qu’on produit.
-Sommes-nous condamnés à occuper un poste qui n’a de sens pour nous, à créer de la « valeur » en contradiction avec nos valeurs profondes ? Le salaire et l’argent devraient-ils être nos uniques repères ? La souffrance au travail n’est-elle pas d’abord liée à une perte de sens ? La pandémie n’a-t-elle pas profondément modifié nos représentations de ce qu’est un travail utile aux autres et à la société dans son ensemble ?
-Apparitions de nouveaux modèles : serviciels, numérique, télétravail, Ubérisation,
2.Redéfinir le Travail et sa place (aspect théorie et social/sociétale):
Dur Dur pour un écologiste, notre reconnaissance sociétale, notre identité s’obtient en grande partie par une valeur sociétale basée sur la soumission qui inscrit culturellement le fait de vivre selon des règles imposées. C’est la définition de l’hétéronomie qui est l’inverse de l’autonomie.
L’hétéronomie c’est avoir confiance dans un système pas en soi-même, alors que le collectif qui peut construire l’écologie s’organise en s’appuyant sur des individus qui tirent chacun leur confiance en priorité d’eux-mêmes.
Dans une civilisation construite autour du travail, le temps humain se structure autour de lui : les études sont une préparation au travail et non d’abord une recherche de vérité ou de sagesse constructive de soi ; à l’âge de travailler, succède la retraite, à un âge également déterminé. Le travail apparaît comme temps contraint par opposition à un temps pour soi. Ce menu de la vie ne saurait être modifié en fonction d’autres aspirations que celles du travail.
Dans une société plus humaine, plus écologiste ou la perception de la nature et des générations futures demandent une sensibilité accrue, une confiance en soi, le temps pour exister doit aussi avoir sa place. La remise en cause du système de l’emploi qui universaliserait la valeur travail en la considérant comme activité humaine, ayant une valeur sociale doit certainement être une de nos préoccupation. Ainsi, en changeant le rapport de l’économique et du social, pourrait-on passer de la société de plein emploi à la société de pleine activité
-Caractère de reconnaissance sociale, élément essentiel pour nous les êtres humains.
-Source d’émancipation personnelle, bien différent de la connotation portée par le néolibéralisme.
-Le travail c’est la vie? Est-ce le travail ou l’activité utile permettant de subvenir à ses besoins réels?
-Le sens et la reconnaissance du travail au cœur du projet écologiste.
3.Vers un nouveau modèle économique ? (des pistes développées, en cours, sénat) :
Nos élus aujourd’hui peinent à mettre en place un réformisme novateur contraint par les temps institutionnels, ils se débattent avec un réformisme conservateur qui est un oxymore reflétant bien la situation actuelle.
Le produit ou service reflète de moins en moins l’usage que chacun peut en faire.
Pour palier à cette situation il faudrait que le produit se rapproche de l’usager. Et même, soyons fou, que l’usager puisse se l’approprier et donc que ce produit ou service se rapprocher des compétences de chacun pour le produire, l’utiliser et en faire l’entretien et la maintenance.
On ne peut que constater que le « travail » requiert une organisation et une stratification de la société ou de la communauté, une spécialisation et un degré de complexité seulement atteignable par un engagement collectif. Il y a principalement de la technologie dans cette forme de production.
La notion « d’activité » permet de s’émanciper des arcanes obscures de la technologie, elle est plutôt de l’ordre des connaissances artisanales. Elle s’appuie principalement sur de la technique et peu sur de la technologie. Elle est proche de l’individu détenteur d’un savoir-faire …. elle porte plus de sobriété.
On ne peut que constater que cette émancipation individuelle à un coût collectif, elle n’assure pas un vrai statut social dit utile
Notre société ne fonctionnerait pas sans ce temps ou un individu n’est pas employé. On peut citer sans être exhaustif : l’activité ménagère, le bricolage, l’entraide, l’échange, la garde et l’accompagnement des enfants, l’investissement citoyen, l’investissement associatif… tout ce qui n’est pas considéré comme utilitaire mais est pourtant essentiel.
Mais alors pourquoi vouloir augmenter le temps de travail pour que toutes ces activités deviennent des emplois avec beaucoup moins d’efficacité et de réalisation personnelle choisie. ?
-Valeur ajoutée réelle, des externalités positives dégagées, du service rendu
Inclure des indicateurs de bienfaits sociaux, env, résilience pour demain, de créativité, de réponses à la raréfaction des ressources, de création de bien être, de réponse aux enjeux d’un territoire
Piste de l’Evasion fiscale ?
Bâtir et insuffler un NME, centré sur les enjeux des territoires (citoyens, collectivités, entreprises, associations, le vivant…), créant des écosystèmes coopératifs territoriaux ;
Changer notre conception de la valeur, qui ne serait plus l’argent mais le service rendu ;.Et si l’on s’émancipait ? Débat sur quelques orientations pour l’avenir et reconnaissance du travail:
-Expérimentation du Revenu Universel, bonne idée ?
-Réduction temps de travail, bonne idée ?
-Comment booster l’Economie Social et solidaire (ESS) ? TZCLD bonne idée ?
-Accélérer la création de métiers durables, non-délocalisables et porteurs de sens, s’assurer de leur gouvernance et mise en réseau pour être à la portée de toutes et tous ;
-Appuyer la formation, les parcours scolaires, l’aide à la reconversion, la création de filières et d’entreprises porteuses d’activités et d’emplois verts ;
-Recentrer nos activités sur les besoins fondamentaux de notre société, respectant les LP et permettant un futur vivable ;
-Quitter cette culture de la concurrence, du prix le plus bas, pour se réapproprier une logique de fidélisation par des dépenses acceptables, et reconnaissant le travail de proximité ;
-Promouvoir le travail humain et son ingéniosité, les low-technologies, pratiques, économiques, populaires, rétablissant la primauté de l’intelligence humaine sur la machine ;
-Prendre en compte et valoriser les valeurs non marchandes (bénévolat…) et le travail utile à la société lié à ces activités : un travail que l’on pourrait autrement qualifier « d’activités » émancipatrices pour toutes et tous, source de créativité et de création de valeur.
Conclusion (mémo):
A l’heure où les notions de bien-être et de santé au travail sont de plus en plus centrales, où les lois des marchés et de concurrence internationale sont remise en cause par la crise sanitaire, de dépendance et résilience, il est temps, non pas d’aller encore plus vite comme le préconise notre gouvernement avec un plan de relance, mais de réinventer la place et le sens du travail au 21ème siècle, de retrouver le sens de son utilité, de bâtir un monde nouveau pour plus de valeur ajoutée et moins de précarité, plus d’externalités positives et moins de destruction, plus de coopération et moins de compétition.
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